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Madame Michu
12 avril 2008

L'affaire du chien mort de faim.

Là, madame Michu ne rigole plus. L’affaire est grave ! Il ne s’agit pas des calembredaines et des petites arnaques habituelles.

De quoi s’agit-il ?
Madame Michu reçoit un mail d’une de ses copines.

                                                Un supposé artiste, aurait, au cours d’une manifestation artistique,                                                             exposé un chien errant et l’aurait sciemment laissé mourir de faim ! Des milliers de visiteurs auraient vu ce chien sans réagir.

chien3

Le message ne dit pas grand-chose sur les circonstances du  drame. Ni les dates, ni la durée du supplice du chien, ni le lieu où il s’est déroulé. Seul le nom de « l’artiste » est dévoilé.

Le mail est, bien entendu, assorti d’un appel à pétition.

Reprenons un peu cette affaire, peu connue en France, sans à priori.

Le message qui circule reprend en français le texte des pétitions qui circulent.

Dans le mail, un argument choc : « ce n’est pas un canular, car il y a de très nombreuses références sur Google ! ». En fait il y en a plus de 150 000.

Comment se passe le référencement sur Google ?

Un quidam entend parler de cette affaire. Il s’en indigne à juste titre. Il va sur son forum préféré et publie un article. Bing une référence ! un autre quidam lit l’article du précédent. Indigné, il publie lui aussi un article. Bing deux références. Et ainsi de suite. Google est autophage : il se nourrit de lui-même.

Le nombre de références dans Google n’est jamais une garantie d’authenticité ni de sérieux ! Sur Google, il y a 28 500 000 références pour « dieu ». Aurait-on là la preuve que Dieu existe ?

Il existe des sites spécialisés dans la pétition. En quelques clics, vous publiez une pétition sur internet, accessible à des milliards d’humains.

99 % des références Google sur cette affaire sont des réactions d’internautes sur des forums, ou des appels à pétition. Mais rien sur les faits eux-mêmes.

Madame Michu est curieuse par nature et son incroyance est pathologique.

Avant de s’indigner et de dégainer son stylo à pétition, elle fouille un peu.

La fouille est fructueuse.

Il faut lire l’espagnol et plonger dans l’internet hispano-américain pour en apprendre un peu plus.

Ce qui est certain :

L’affaire s’est déroulée à Managua, capitale du Nicaragua, à la galerie d’art CODICE.

A partir du 15 aout 2007 à 17 h 00, un chien y a été exposé attaché à une corde. Cette installation était proposé par GUILLERMO VARGAS dit HABACUC, obscur artiste costaricain.

chien2

Près du chien, appelé « Natividad » se trouvait un texte « Eres lo que lees » (tu es ce que tu lis) constitué de croquettes pour chien collées au mur.

Les motivations de l’artiste sont assez confuses, mélange d’hommage à un jeune homme dévoré par des chiens et de fantasmes sandinistes. Cette installation était censée être une œuvre d’art mettant le spectateur/voyeur face à son hypocrisie et à son indifférence à la souffrance d’autrui. Le chien était un chien errant capturé dans les rues de Managua.

Ne discutons pas ici du sens de l’art ni de la frontière ténue qui sépare la provocation artistique du foutage de gueule.

Ensuite, les versions divergent.

Selon « l’artiste » et la galerie CODICE http://www.galeriacodice.com/ (qui a l’air bien emmerdée par cette affaire), le chien n’était exposé que trois heures par jour au public et était convenablement nourri et abreuvé. Le chien se serait ensuite échappé pour retrouver son destin de chien errant.

Selon le journal Costa Ricain «La Nacion » http://www.nacion.com/ , repris par le journal du Nicaragua La prensa du 5 octobre 2007, (http://www.laprensa.com.ni/), « L’artiste » aurait laissé le chien mourir de faim au bout de trois jours.

Qui dit vrai ?

Le site « Hoax Buster » qui débusque inlassablement les canulars et les exagérations sur internet est très mesuré : http://www.hoaxbuster.com/

Toujours est-il que cette histoire fait un foin du diable en Amérique latine. Très vite les pétitions fleurissent et atteignent même la lointaine France…

Que nous enseigne cette histoire ?

  • Il y a des chiens errants à Managua : Le Nicaragua est un des pays les plus pauvres d’Amérique latine.
  • Il y a, dans ce pays, des galeries d’art qui proposent des « œuvres » modernes et provocatrices, mais aussi des gens qui s’indignent de la cruauté envers les animaux : malgré la pauvreté et les séquelles d’une guerre civile on peut penser à autre chose qu’à la faim quotidienne.
  • Internet est un instrument à manier avec précaution. La pensée toute faite y occupe trop de place.
  • Mais Internet est le média du village planétaire. Une sombre affaire survenue dans une galerie d'art du Nicaragua (c'est où le Nicaragua ? ), fait le tour de la planète.

  • Google n’est pas la Bible.

A bientôt


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Madame Michu
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